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Laurent Cantet : mort du cinéaste français à l’âge de 63 ans

Paris - Publié le jeudi 25 avril 2024 à 16 h 54 - n° 332084

Le cinéaste Laurent Cantet, Palme d’or pour Entre les murs, est mort à l’âge de 63 ans, a annoncé son agent Isabelle de la Patellière jeudi 25 avril. « Il est mort ce matin à Paris de maladie », a-t-elle indiqué. Le réalisateur et scénariste, à la fibre sociale assumée, auteur de neuf longs métrages, travaillait sur un projet de film, intitulé L’Apprenti, qui devait sortir en 2025.

Né dans les Deux-Sèvres, après avoir entamé des études de photographie, Laurent Cantet a étudié à l’Idhec (depuis devenue la Fémis). Il y a rencontré sa famille de cinéma, des auteurs dont il ne s’est jamais éloigné tel comme Robin Campillo (120 battements par minute), qui fut son monteur avant de passer à la réalisation.

Cet auteur naturaliste n’a cessé d’explorer les relations sociales, le travail, les mobilisations sociales. Son premier court métrage, Tous à la manif, se déroule dans un café où le fils du patron tente de se mêler à des lycéens préparant une manifestation. Son premier long métrage, Ressources humaines (1999), avec Jalil Lespert, s’intéresse à l’histoire d’un fils d’ouvrier passé au service du patronat. Il a obtenu le César du meilleur premier film. L’Académie des César a rendu hommage à Laurent Cantet, un « cinéaste engagé, ses films mettaient toujours en lumière des sujets sociétaux qui questionnent, qui émeuvent ».

Le réalisateur a ensuite tourné L’Emploi du temps (2001), inspiré de l’affaire Jean-Claude Romand. Après Vers le sud (2005), avec Charlotte Rampling, qui évoquait le tourisme sexuel au féminin, le cinéaste s’est appuyé sur le roman de François Bégaudeau, tiré par son expérience d’enseignant en ZEP, pour créer Entre les murs en 2008. Mi-documentaire mi-fiction, le long métrage d’un budget de 2,4 millions d’euros met en scène un professeur de français et des élèves de 13 à 15 ans, aux origines géographiques et sociales multiples, dans un collège parisien.

Sorti en 2008, le film a reçu la Palme d’or au Festival de Cannes, qui, à l’annonce de sa disparition, a salué la mémoire d’un « humaniste acharné, qui cherchait la lumière malgré la violence sociale, qui trouvait l’espoir malgré la dureté de la réalité ». Un cinéaste « dont l’œuvre cohérente et humaniste dessine un cinéma sensible, à fleur de peau et à fleur de société », a ajouté le Festival. Entre les murs a cumulé 1,6 million d’entrées en France et plus de 500 000 dans le monde.

Laurent Cantet est revenu à Cannes en 2017 avec L’Atelier, dans lequel un groupe de jeunes en insertion effectue un stage d’écriture. Il s’est aussi inspiré de nombreux voyages à Cuba et de ses conversations avec les déçus de la Révolution pour Retour à Ithaque (2014) et a traité de l’amitié au sein d’un gang de filles dans Foxfire (2012). Son dernier film Arthur Rambo, en salles en 2021, se penchait sur la destruction d’une réputation sur les réseaux sociaux. 

Cinéaste discret, Laurent Cantet était aussi un homme engagé, qui après sa Palme d’or, a participé à de nombreuses manifestations en soutien aux migrants, contre la censure des régimes autoritaires, pour la défense du cinéma d’auteur… En 2015, il a fondé LaCinetek avec ses amis Pascale Ferrand et Cédric Klapisch. Tournant le dos aux algorithmes, la plateforme de cinéma (VOD et SVOD) propose une sélection de films éditorialisée par des cinéastes. La liste établie par Laurent Cantet va de Frank Capra (La vie est belle) à Bong Joon-ho (Mother), en passant par Zéro de conduite de Jean Vigo, chef-d’œuvre de 1933 sur la jeunesse, tourné entre les murs… d’un pensionnat.

© D.R.
© D.R.
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