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Salto : notre essai de la plateforme FTV / M6 / TF1

Paris - Publié le dimanche 25 octobre 2020 à 23 h 00 - n° 286923

La plateforme Salto, fruit d’une coopération entre France Télévisions, M6 et TF1, est en ligne depuis mardi 20 octobre, disponible sur les applications mobiles, sur ordinateur et sur Apple TV, pas encore via les box de opérateurs. Les prix d’abonnement, en fonction du nombre d’accès simultanés disponibles, un, deux ou quatre, sont respectivement de 6,99, 9,99 et 12,99 euros par mois. Le premier mois est gratuit et l’ensemble des contenus est disponible en HD. Pour l’abonnement multi-écrans, la limite est de 5 appareils par compte. Nous en avons fait l’essai le week-end des 24 et 25 octobre.

Sur iPhone, un processus d’abonnement simple et efficace

Nous avons fait le choix de nous abonner sur iPhone. Une recherche sur « Salto » dans l’App Store aboutit immédiatement à la plateforme, le résultat suivant étant un jeu de… saut dans la mer depuis une falaise (Flip Diving). Le premier mois est donc gratuit, quel que soit l’offre choisie, l’abonné devant résilier son abonnement sur son compte Apple au moins un jour avant la date de renouvellement (un rappel est normalement envoyé par Apple).

Il faut ensuite créer un compte, avec des renseignements de base (sans risque RGPDRGPDRèglement général sur la protection des données !) : prénom, civilité et date de naissance (optionnels), un mail, un mot de passe et cocher avoir 16 ans révolus. Un mail est ensuite envoyé demandant la confirmation de l’adresse, mais ne pas y répondre (au moins tout de suite) permet quand même d’avoir accès aux programmes. 

Préférant poursuivre notre test sur Apple TV, nous y avons donc téléchargé l’application. Pour pouvoir y valider le compte, il nous a fallu entrer le code qui nous était indiqué dans l’appli iPhone, d’où l’intérêt de faire les choses dans ce sens, web ou appli, puis Apple TV.

Trois types de profil utilisateur, influant sur les programmes mis en avant, sont proposés. Le premier est individuel, avec le prénom utilisé pour s’inscrire. Il y a également un profil « Kids », et, c’est novateur, un profil « A plusieurs » avec un choix « En amoureux », « Entre amis », « En famille », et des sous-catégories également innovantes. Les catégories de contenus que proposent ces différents choix semblent pertinentes. De nouveaux profils (5 individuels maximum et 2 kids et foyer) peuvent être ajoutés via « Mon compte » et « Paramètres » mais ce n’est possible qu’à partir de l’application ou du web, pas de l’Apple TV, un « oubli » à réparer !. Il serait d’ailleurs beaucoup plus logique et simple que l’ajout de profil se fasse à partir de l’accès au service, là où l’on voit les profils existants.

Une présentation claire et attractive des programmes

A l’arrivée sur la plateforme sont actuellement mis en avant un téléfilmT’en fais pas, j’suis là et 5 séries ou minisériesCapitaine Marleau, Ils étaient dix, A Very English Scandal, Becoming a God, Looking for Alaska. Il sont accessibles en cliquant sur « voir le programme » mais pas sur l’image (par ailleurs partiellement masquée par effet esthétique un peu raté), ce qui est dommage.

L’interface de présentation des programmes est classique, ajoutant quelques choix originaux. Elle est déjà performante et sans bug mais sans doute encore perfectible par rapport aux leaders… qui ont des années d’expérience derrière eux. Nous avons ainsi relevé les catégories suivantes : Le Top Salto, Ça vient d’arriver, Avant-premières, Vos intégrales TV, Rire, Emotion, Frisson, Evasion, On a tout à voir avec vous (Bons vivants, Anti-héros, Grandes gueules, Femmes de caractère…), Il suffira d’un signe (choix selon son signe astral !), Le rêve américain… ou pas, La sélection de… (Fred Testot, Tom Leeb, Malika Ménard, Kev Adams…), Les accents qui chantent, Les programmes préférés des enfants, Le choix des critiques (Télé Loisirs, AlloCiné, Télérama, SensCritique).

Il y a aussi un choix par thématiques : Séries et fiction, Cinéma, Jeunesse et famille, Documentaire, Actu et Mag, Divertissements, Téléréalité.

Cela nous semble réussi et de nature à pouvoir minimiser le temps de sélection des programmes par l’abonné, un reproche souvent fait aux plateformes.

Le flop : le service derrière les chaînes en direct

Nous n’avons rien de particulier à signaler sur la partie replay, reflet fidèle de celui offert par les chaînes des fondateurs, avec l’avantage de toutes les regrouper au lieu de l’accès web de chacun des partenaires, mais c’est aussi le cas sur les plateformes des opérateurs télécoms, de myCanal ou Molotov. Autre avantage, plus fort, celui de proposer un replay plus long que la semaine traditionnelle, ce qui permet aussi d’alimenter le catalogue disponible sur la plateforme, 10 000 heures au total actuellement, 15 000 annoncées pour le premier semestre 2021.

Le flux direct (et le replay) est proposé pour 19 chaînes des 3 groupes : TF1, TFX, TMC, LCI, TF1 Séries Films, Ushuaïa TV, TV Breizh et Histoire TV s’agissant du groupe TF1 ; France 2, France 3, France 5, France 4 et franceinfo côté France Télévisions ; et M6, Paris Première, W9, 6ter, Gulli et Téva pour le groupe M6. Pour les abonnés qui n’avaient précédemment accès qu’à la TNT, cela représente 10 chaînes supplémentaires, 5 du groupe TF1 et 5 du groupe M6.

Un point négatif que nous avons relevé sur la diffusion des chaînes en direct : l’absence des déclinaisons régionales de France 3 (présentes sur les autres plateformes). Samedi matin, pendant les programmes régionaux, ceux de la région Grand Est étaient diffusés : pourquoi eux ? 

Pour la plupart des chaînes, le retour au début du programme en cours est possible, une fonction déjà courante chez beaucoup d’opérateurs, comme myCanal ou Molotov ou certains FAI. De manière surprenante et assez incompréhensible, cette fonction n’est pas disponible pour certaines chaînes : Ushuaïa TV, Téva, TV Breizh, Gulli, LCI et TMC.

Mais ce retour au début est très imprécis, souvent plusieurs minutes avant le début de l’émission, parfois après. La tendance naturelle est de chercher à avancer ou reculer le programme pour aller ou revenir au début, mais cela s’avère impossible, car l’avance et retour rapide sur le direct ne sont pas activés.

On peut imaginer que l’idée sous-jacente est de ne pas permettre de zapper la pub, mais c’est totalement insupportable. Et cela d’autant plus que c’est une fonctionnalité courante partout ailleurs.

Dis Salto, tu sais qu’un film a un réalisateur ?

A l’inverse, les vidéos des programmes qui ne sont pas en direct, celles des replay ou des autres contenus, permettent de naviguer librement, en avant ou en arrière. Un retour ou une avance rapide de 15 secondes sont également possibles. Il n’y a, logiquement, pas de publicité sur cette catégorie de programmes (pourtant myCanal ou Orange, par exemple, n’ont pas ce type de logique…). Deux bons points.

En ce qui concerne le sous-titrage, nous avons relevé sur une série, Desperate Housewives, dont la saison complète est disponible, que le seul disponible était celui pour malentendants. Nous n’avons pas testé pour voir si ce défaut était général.

Autre point très négatif, mais, nous l’espérons, facile à corriger rapidement, l’indigence des fiches d’information sur les programmes. Par exemple le réalisateur d’un film n’est jamais indiqué. Il n’y a même pas l’année de réalisation. Et, parfois, même le nom des acteurs n’y figure pas !

En conclusion, un bilan largement positif

Au final, le bilan est largement positif et nous aimons à imaginer que les défauts de jeunesse, en particulier les limitations sur la navigation dans le direct et l’indigence des informations sur les fiches programmes seront rapidement corrigés. Nous estimons par ailleurs qu’il serait souhaitable de pouvoir télécharger les contenus afin de pouvoir les regarder hors connexion, et nous aimons à penser que ce développement est dans la roadmap.

Sur la plateforme Apple, la note est de 3,3 sur 5 avec un nombre majoritaire de commentaires positifs. Certains des reproches faits, entraînant une mauvaise note, sont relatifs à la présence de saisons incomplètes de certaines séries (Dix pour cent…), ce qui relève évidemment plus des règles de diffusion que de la volonté de la plateforme. Nous relevons avec intérêt qu’il est répondu à un nombre important de commentaires, montrant l’implication des développeurs dans l’évolution de la plateforme, et aussi, est-il possible de penser, l’implication des actionnaires pour la réussite du projet.

Joël Wirsztel

Fin
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