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Gilets jaunes : cri d’alarme de Reporters sans frontières après des agressions de journalistes

Paris - Publié le dimanche 13 janvier 2019 à 15 h 48 - n° 265380

Le secrétaire général de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, a lancé dimanche 13 janvier « un cri d’alarme » après les menaces et agressions contre plusieurs journalistes lors de manifestations samedi 12 de « gilets jaunes ».   

« Incontestablement, hier, un cap a été franchi », s’est inquiété Christophe Deloire sur le plateau de BFM TV. « On est devant une situation qui est très grave, qui menace d’empirer », a-t-il ajouté. « Il faut lancer un cri d’alarme aujourd’hui », a poursuivi le secrétaire général de RSF, demandant aux responsables politiques « qu’ils disent qu’ils réprouvent, qu’ils condamnent » ces actes, et que « ceux qui ont la parole au nom des gilets jaunes […] s’en désolidarisent ».  

Tout en rendant hommage aux gilets jaunes « qui essayent de protéger » les journalistes pris à partie et en reconnaissant le droit de critiquer la ligne éditoriale d’un média, il a pointé du doigt d’autres manifestants qui « sont dans un chantage antidémocratique inacceptable qui […] consiste à dire si vous ne couvrez pas les événements exactement comme on l’entend […] alors on est en droit de vous molester, de vous tabasser et disons-le, de vous lyncher ».

Le groupe TF1 va porter plainte

Le ministre de la Culture, Franck Riester, a dénoncé sur Twitter un « ignoble lynchage » à Rouen. Le porte-parole du gouvernement Benjamin Grivaux a, lui, poussé un « coup de gueule » sur le réseau social : « Depuis des semaines des équipes de journalistes sont prises à partie et subissent des violences de la part de manifestants partout en France. »

Samedi, plusieurs journalistes ont été pris à partie ou agressés lors de la couverture de manifestations de gilets jaunes. A Rouen, un agent de sécurité qui accompagnait une équipe de LCI a été roué de coups alors qu’il était à terre. Il souffre d’une fracture du nez, a indiqué Thierry Thuillier, patron de l’information du groupe TF1. « Nous condamnons avec la plus grande fermeté cet acte », a-t-il dit. Une plainte a été déposée. 
A Paris, une autre équipe de journalistes de LCI a aussi été prise à partie par quelques manifestants et une journaliste jetée à terre avant d’être protégée par d’autres manifestants, a constaté un journaliste de l’AFP.

A Toulon, deux journalistes vidéo de l’AFP ont été menacés alors qu’ils filmaient des échauffourées, avant de trouver refuge dans un restaurant. D’abord pris à partie par un jeune homme sans gilet jaune, ils ont été poursuivis par une dizaine de personnes et ont reçu « des claques dans le dos, dans la caméra » et un « coup de pied […] dans la hanche », a raconté l’un d’eux. 

A Marseille, la tension est brièvement montée, au début de la manifestation, quand une dizaine de gilets jaunes ont empêché de travailler une journaliste vidéo de France 3 et deux photographes locaux, les contraignant à s’éloigner, en insultant « les journalistes, qui ne font que mentir ». « La seule info, c’est sur les réseaux sociaux », criait la manifestante à l’origine de l’incident. 

A Pau, un journaliste pigiste a reçu un coup de pied. A Toulouse, une journaliste de La Dépêche du Midi a été menacée de viol. Dans la nuit de vendredi à samedi, des gilets jaunes ont bloqué le centre d’impression de L’Yonne républicaine et ont empêché la diffusion de La Voix du Nord.

A Rouen, l'agent de sécurité de l'équipe de LCI roué de coups - © @ParisNormandie
A Rouen, l'agent de sécurité de l'équipe de LCI roué de coups - © @ParisNormandie
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